- benêt
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• 1530; de benoît « béni »♦ Niais. ⇒ sot; godiche, nigaud. C'est un grand benêt. Faire le benêt. — Un air benêt. ⇒fam. bébête, nunuche. ⊗ CONTR. Futé, malin.Synonymes :- dadais- godiche (familier)- niais- nigaud- sotContraires :- dégourdi- déluré- éveillé- futé- malinbenêtn. m. et adj. m. Niais, sot.⇒BENÊT, subst. et adj. masc.[(Jeune) homme] Niais par excès de simplicité ou de bonté.A.— Emploi subst. :• 1. ... ne crois pas si peu utiles les notes, cela accroche les sots, les benêts, les gens qui ne comprennent pas le texte.STENDHAL, Correspondance, t. 2, 1842, p. 13.• 2. Il [Jules] jouait avec sa figure, ses yeux et ses épaules, non pas le personnage d'un matois caché sous un benêt, mais celui de Jean-le-Simple tentant de s'approcher de l'intelligence.MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 229.SYNT. Grand, pauvre benêt; agir, se conduire comme un benêt; passer pour un benêt, rester comme un benêt; prendre, tenir pour un benêt. Un benêt contemplatif (DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 528); mes extases de benêt (MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 86); un benêt extasié (MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 212).— [En constr. expr. d'appos., suivi de la prép. de et précédé ou non d'un adj.] :• 3. L'amusant, c'est que le gros benêt d'aveugle blaguait les Frères sur leur cécité, tandis que les Frères, riant dans l'oreille d'amis sur les fonctions du secrétaire, disaient : « Et il nous reproche, ce M. Sarcey, d'avoir l'esprit étroit! »E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1885, p. 446.• 4. — Nous verrons bien qui dit vrai, conclut-il, bourru. Si ton benêt de père s'est moqué de moi, je lui casse les reins!BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 87.♦ [Appliqué except., p. anal., à une partie du corps hum. du genre masc.] :• 5. Écoutez-moi, je vous connais, nous nous connaissons, je suis votre cœur, votre pauvre vieux benêt de cœur.MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 98.B.— Emploi adj. :• 6. À femme émancipée, mari benêt.P.-J. PROUDHON, La Pornocratie, 1865, p. 86.— P. ext. Air benêt :• 7. À ma dernière réplique émise du ton le plus angéliquement benêt, le Patron réagit vivement.A. ARNOUX, Zulma l'infidèle, 1960, p. 143.PRONONC. :[
]. KAMM. 1964, p. 739, confirme expressément la prononc. de e dans ce mot, qui n'est pas couverte par sa règle : ,,À l'intérieur des mots, la lettre e précédée de deux consonnes différentes se prononce.``
ÉTYMOL. ET HIST. — 1530 adj. (MAR., III, 164 dans LITTRÉ : Mais quand j'ai veu ce qui en est, Je trouve que tu es benest); 1611 subst. (COTGR.).Prononc. pop. d'orig. norm. de benoît (a. fr. benëeit, benëoit) attesté en a. norm. sous les formes : benest, ca 1350 Gloss. Abavus, éd. M. Roques t. 1, p. 264; beneet 1362, Inv. de l'abb. de Fécamp, ibid., la diphtongue ei, issue de+ yod (
) ayant abouti à
en norm. (POPE, p. 502 § VI). À l'appui de cet étymon, le m. fr. benoist au sens de « benêt » (ca 1550 Vasquin Philieul dans HUG.); la transposition de sens est peut-être due à l'opinion vulgaire que les simples d'esprit sont favorisés de Dieu, fondée sur une interprétation courante du passage biblique « Beati pauperes spiritu » (MATTHIEU, V, 3).
STAT. — Fréq. abs. littér. :57.BBG. — ALONSO (D.). El saúco entre Galicia y Asturias. Revista de dialectologia y tradiciones populares. 1946, t. 2, pp. 3-32 [Cr. STEFFEN (M.). Vox rom. 1954/55, t. 14, p. 212]. — MIGLIORINI (B.). Dal nome proprio al nome comune. Florence, 1968, p. 220. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. gen. 1905, t. 36, p. 360.ÉTYM. 1530, Marot; benest v. 1350 en normand; var. régionale (Ouest) de benoît « béni », par un transfert sémantique bien attesté (les simples d'esprit sont favorisés par Dieu).❖1 Homme, garçon niais. ⇒ Sot, godiche, jocrisse, nigaud. || C'est un grand benêt. || Faire le benêt. || Ce benêt, ce gros benêt de… (et nom de personne).1 Un grand benêt de fils aussi sot que son père (…)Molière, les Fâcheux, II, 7.2 (…) je voulus saluer ces demoiselles, et m'en aller comme un benêt (…)Rousseau, les Confessions, IV.♦ Appellatif. || Pauvre benêt ! || Grand benêt !2 Adj. || Il est un peu benêt. — Un air benêt et godiche.3 (…) Madame Sévère (…) s'avisa qu'il n'était peut-être pas si benêt que méprisant.G. Sand, François le Champi, IX, 75.❖CONTR. Futé, malin.
Encyclopédie Universelle. 2012.